Le début de ce récit :
Le Trail Verbier St-Bernard, les 3 et 4 juillet 2010 – Première Partie

L’orage redouble de violence, les coups de tonnerre se succèdent, les impacts de la pluie se font plus fort. Au sol, la neige se couvre d’un fin granulé blanc. Il grêle. Purée, il ne manquait plus que ça ! Vite, il me reste à protéger mon portable. Je suis penché au-dessus de mon sac pour l’abriter du déluge, l’eau ruisselle sur ma veste. Je place mon portable dans un sac de congélation étanche. Heureusement que j’ai prévu ça dans ma liste car l’intérieur de mon sac me paraît tout aussi humide que l’extérieur. Je met en place la housse de protection intégrée au sac … Bon, OK me voilà paré.

Un bruit assourdissant éclate à nouveau mais plus proche, plus impressionnant, comme s’il était situé au-dessus de ma tête. Je reprends ma route, il ne fait pas bon traîner par ici. Je n’ai pas envie de finir griller comme une merguez dans ce barbuc pour géant !

La suite comme promis …


Les Lacs de Fenêtre.

Col de Fenêtre
Heure de départ : 18h02, Temps de course : 13:01:57, Temps de pause : 1', Classement : 219

La silhouette que l’on distinguait en haut du col a disparu. Je progresse d’un bon pas vers ce point haut enneigé en maintenant un bon rythme pour me réchauffer. Je ne souffre plus de la chaleur, c’est le moins que l’on puisse dire. Les bénévoles en charge du pointage se sont réfugiés au sommet sous une tente. L’un d’eux en émerge pour me pointer. Il me souhaite bon courage et je ne peux que lui rendre la pareille. Ils ne doivent pas être à la fête ici !

Col de Fenêtre – Col du Grand St-Bernard
D+ : 140 m, D- : 369 m, Dis. : 3,2 km
D+ cumulé : 4207 m, D- cumulé : 3228 m, Dis. Cumulée : 62,51 km

La descente du col sera une longue fuite pour échapper aux éléments déchainés. Le chemin s’avère très vite peu praticable. Un chemin ? Quel chemin ? Ici, il n’y a que torrents, ruisseaux et terrains gorgés d’eau. Les rubans de rue balise attachés sur de petits piquets plantés dans le sol matérialisent une route qui me semble bien erratique. Je ne compte plus les traversées de torrents. Le tonnerre a coupé court à mes hésitations lors de ma recherche d’un premier passage à gué. Je me suis résigné à traverser les pieds dans l’eau jusqu’aux chevilles, préoccupé avant tout par le maintien d’un équilibre précaire sur les rochers rendus glissants par la force du courant plutôt que par la température de l’eau bien éloignée de celle de mon bain.

J’ai la surprise de découvrir que des skieurs de rando fuient également vers la vallée. Les plaques de neige sont certes encore nombreuses mais cela ne va pas tarder à s’apparenter à du ski nautique !Leur tenue semble plus douillette que mon t-shirt et ma couche plastique Quechua mais je ne les envie pas pour autant !

Je rejoins la route du St-Bernard. Il y a une petite maison en contrebas de la route. J’ai froid. J’ai repéré une petite avancée du toit qui devrait me permettre de me changer sous cet abri tout relatif. Surprise, il y a déjà quelqu’un ! Un italien transit par le froid est blotti dans un angle en attendant que l’orage se termine. Le dialogue s’avère difficile, je ne suis pas doué pour les langues en dehors de celle transmise par ma chère maman. A grand renfort de gestes, je finis par comprendre qu’il s’est abrité ici dès le début de l’orage et qu’il attend que ça passe tout en doutant fortement que ce soit le cas rapidement. Je profite de notre discussion sur la pluie et le beau temps pour me changer. Ma polaire est le seul vêtement en ma possession qui ne soit pas gorgé d’eau. Je délaisse mon t-shirt trempé au profit de cette douce chaleur. J’essore mes gants, renfile ma veste de pluie et présente mes salutations à l’hôte de ses lieux. C’est parti pour une remontée en direction du Col du Grand St-Bernard.


La Pointe de Drône.

La différence d’équipement entre les coureurs rencontrés est stupéfiante. Certains toujours en short ne semblent pas souffrir du froid bien que la couleur rosée de leurs jambes les trahisse. En plus de la traditionnelle veste de pluie obligatoire (et c’est ô combien justifié), d’autres ont même revêtu des pantalons de pluie comme on peut en trouver dans les rayons randonnée. Pas simple de trouver le bon compromis entre le poids et le confort. Bah, une fois réchauffée par l’effort musculaire, l’eau retenue par les fibres de mon corsaire mouillé se fait finalement assez bien oublier. C’est le principe de certaines combinaisons de plongée, me semble-t-il. Le tout est de ne pas s’arrêter.

Ravitaillement du Grand Saint-Bernard
Heure d'arrivée : 18h59, Temps de course : 13:59:36, Temps de pause : 46', Classement : 216

Je longe le lac qui borde les Hospices sur un chemin qui domine la route, évitant tant bien que mal les innombrables flaques même si mes pieds n’ont plus rien à craindre de l’humidité. Ca y est, me voilà au ravitaillement du Grand St-Bernard. Un marabout pour s’abriter de la pluie, deux tables et quelques chaises, j’aurais apprécié quelque chose de plus cocooning en arrivant sur les lieux. On m’annonce que la course est neutralisée pour des raisons de sécurité. Je suis invité à me ravitailler puis à rejoindre une salle chauffée à l’intérieur des hospices en attendant les instruction des directeurs de course. La salle chauffée me semble aussi appréciable qu’une place au paradis. Avec l’arrêt, je me suis refroidi très rapidement et je suis pris de tremblements incoercibles. On me propose de prendre un bouillon bien chaud que je m’empresse d’accepter. Je suis obligé de m’assoir sur une chaise pour ne pas renverser le contenu du bol. Même sur la LyonSaintéLyon je n’ai pas tremblé autant au ravitaillement de Saint Genoux.

Un peu ragaillardi par la chaleur du breuvage, je pénètre dans les Hospices transformés en camp de réfugiés pour coureurs harassés. Des coureurs, il y en a partout ! Je traverse un couloir et pénètre dans une salle destinée à prendre des repas. La salle est bondée. La majeure partie de la pièce est occupée par des tables autour desquelles se sont regroupés les coureurs. Dans un coin de la salle trône un bar ou plutôt une banque alimentaire derrière laquelle des membres du personnel de l’Hospice s’affairent. On me propose de m’attabler et de boire un bouillon ou un thé. Ce dernier a ma préférence. Je profite de ce répit pour réorganiser un peu mon sac. Le bilan n’est pas réjouissant. Le contenu oscille entre humide et détrempé. J’isole ce qui peut être encore sauvé.

On nous annonce qu’un parcours de repli a été mis en place permettant de rejoindre Bourg St-Pierre sans passer par le Col des Chevaux et qu’une navette ne devrait pas tarder à arriver pour les coureurs désirant abandonner. Nous sommes invités à quitter la salle pour laisser la place aux clients des lieux qui vont prendre leur repas. Une autre salle est mise à notre disposition. Dehors la pluie continue à tomber de plus belle. Continuer dans ces conditions me semble si improbable que je m’attends à ce que tous les coureurs ici présents abandonnent. J’ai la sensation de vivre ces moments comme un spectateur extérieur à la scène, l’observant sans pouvoir influer sur son déroulement. Pourtant je ne suis pas encore décidé à renoncer.

J’entre dans cette nouvelle salle. J’y trouve à nouveau quelques tables, des coureurs dans l’attente et quelques secouristes. Je reconnais parmi les coureurs mon hôte italien qui a de toute évidence décidé de se risquer sous la pluie en quittant son abri. Je tourne la tête à gauche et découvre avec surprise Stéphane. Je ne m’attendais pas du tout à le trouver là. L’ami Stéphane a décidé de rendre les armes comme tous les autres dans cette salle. Plus le goût comme on dit … J’aimerais l’inciter à reprendre la route mais je suis moi-même sur le fil du rasoir, trop usé physiquement et mentalement pour fournir cet effort de persuasion. Par esprit bravache, j’annonce tout de même ma décision de poursuivre la course sans en être moi-même pleinement convaincu.

La navette pour Bourg St Pierre est arrivée. Nous sortons tous de la salle. Je suis dans le couloir dans la file des coureurs avec cette alternative : poursuivre à pied ou en car. David, un anglais vétéran 3, est assis dans le couloir et range ses affaires. Nous échangeons quelques mots et quelques gestes … Il a envie de continuer, moi aussi … Tout est dit. J’ai trouvé mon homme et mon cerveau le déclic qu’il attendait pour se focaliser à nouveau pleinement sur la poursuite de la course. « Go David, Go … ».
Nous passons le pointage, on nous annonce un temps d’1h30 pour rejoindre le prochain ravitaillement. Il m’en faudra 2h.

Col du Grand St-Bernard – Bourg St-Pierre
D+ : 365 m, D- : 1202 m, Dis. : 13,9 km
D+ cumulé : 4572 m, D- cumulé : 4430 m, Dis. Cumulée : 76,41 km

Nous sortons ensemble du bâtiment. Le froid me saisit mais je suis à nouveau motivé comme jamais. Le car est stationné là. Nous ne sommes que deux à continuer la course à ce moment-là. Les autres coureurs ont tous choisi de rentrer en car et ce dernier semble déjà bien rempli. Je passe devant en saluant ses passagers puis autant par défi que pour me donner du courage, je prend mon élan et fais un bond pour faire claquer mes talons l’un contre l’autre. L’abandon n’est pas au programme d’Arthur cette année …

Avoir décidé de continuer m’a mis une pêche incroyable. J’enquille la descente comme jamais sautant de rocher à rocher, surfant sur les plaques de neige, coupant droit à travers flaques et ruisseaux. Mon compagnon de route a bien du mal à suivre, je ralentis régulièrement pour l’attendre. Il souffre de crampes mais garde le sourire. Je lui propose de l’homéopathie (sporténine) mais il a ce qu’il faut avec lui. Il me fait comprendre qu’il est préférable que nous allions chacun à notre rythme. Il a sans doute raison. Lors de cette ultime pause pour l’attendre, un couple de vétéran en t-shirt orange nous a rattrapés. J’ai demandé si tout allait bien pour eux compte tenu des conditions météo. « Oui, pourquoi voulez vous que cela n’aille pas ? » sur un ton que l’on pourrait qualifier d’un poil bourru. Oui effectivement, pourquoi donc ? On vient juste de se ramasser un bout de ciel sur la gueule, on patauge tous en cœur dans 10 cm de flotte, où est le problème ?

J’abandonne tout ce petit monde et reprend ma folle cavalcade. Un détail va vite me couper dans mon élan. J’ai beau aspirer sur la pipette de ma poche à eau, rien ne vient ! Quel con. J’ai passé plus de quarante minutes au ravito et je n’ai pas pensé un instant à faire le plein ! Pas terrible cette histoire d’autant qu’il fait nettement plus chaud en descendant dans la vallée, j’ai même dû tomber ma veste un moment plus tôt. Mon sauveur se présentera à moi sous l’apparence d’un campeur. Je l’ai pris au début pour un bénévole chargé d’un hypothétique pointage surprise. Faut dire que faire du camping avec toute sa petite famille par ce temps … Bon cela dit je ne vais pas m’en plaindre, c’était même une très bonne idée finalement. L’homme m’a fourni de l’eau et un morceau de Toblerone. Qu’il soit béni lui et sa famille pour ces présents jusqu’à la énième … aller, jusqu’à la génération qui lui conviendra le mieux, je ne vais pas être pingre. J’en vois qui esquisse un rictus au passage … Non, je vous arrête tout de suite, ce n’était pas un ravitaillement hors zone mais un simple déplacement du ravitaillement spectato solidaire qui devait se trouver initialement aux Lacs de Fenêtre. Un petit coucou à madame et aux enfants, encore un grand merci à monsieur et je poursuis mon chemin.

Après avoir rejoint le parcours officiel, la cavalcade effrénée s’est muée en une allure plus propice à l’ultrafond voir à encore plus long. Il y a quoi au-delà du delà ? Je me fais rattraper par un premier couple non identifié que je nommerai couple X puis talonné par le couple aux t-shirts oranges que je nommerai couple orange pour la facilité du discours et ne pas citer de nom. Monsieur V3, madame V2 tous deux excellents randonneurs et qui me semblent avoir une expérience longue comme un jour sans pain pour ce genre de balade. Ils ont fait la presque totalité du parcours en marchant d’un (très) bon pas, gérant au plus juste les ravitaillements et me font penser, avec tout le respect que je leur dois, à la tortue de la célèbre fable tandis que j’endosse malheureusement le costume du lièvre avec mes ravitaillements à rallonge et mes emballements d’allures incongrus dans certaines descentes.


Descente sur Bourg St-Pierre depuis le Grand St-Bernard.

Je me laisse rattraper une première fois par mes poursuivants tout à fait volontairement. Je suis ce qu’on peut appeler un citadin avec un grand C mais je suis tout de même aller suffisamment à la campagne pour faire la différence entre une paisible vache et un taureau couillu. Il y a bien un truc qui pendouille là-dessous mais ça ne ressemble pas à des tétines ! Alors quand ce n’est pas une, mais tout un troupeau de ces charmantes bestioles noires comme un sombre présage, qui me font face sur le chemin, je remets au lendemain tout acte d’héroïsme. D’autant, que ces bestiaux trapus ont une paire de cornes que tous les cocus envieraient.
J’abdique, je range mon amour propre dans mon sac et m’insère entre les deux coureurs du couple orange sous un prétexte fallacieux pour franchir cette passe difficile. De toute évidence, le taureau suisse est du genre paisible … mais je préfère qu’il embroche en premier un V3 expérimenté. Place au jeune que diable.

Après ce haut fait d’arme, je ne pouvais pas décemment quitter mes sauveurs immédiatement d’autant que se faire trainer est une pratique somme toute assez confortable. Je reprendrai les commandes plus tard après la retenue d’eau du Lac des Toules et je quitterai mes tortues oranges pour me laisser aller à un nouvel emballement dans la descente finale vers Bourg St-pierre.
La nuit tombera bien avant que je n’atteigne le ravitaillement. La nuit, tous les chats sont gris mais il me semble bien avoir rattrapé le couple X, vous savez, le premier couple rencontré … Yes !

Ravitaillement de Bourg St-Pierre
Heure d'arrivée : 22h52, Temps de course : 17:06:13, Temps de pause : 46', Classement : 171
Barrière horaire : 2h00, Marge : 3h08

Il fait totalement nuit quand j’arrive au ravitaillement. Il y a quelques tables installées dehors sous des abris toilés, des personnes attablées se tournent vers moi et m’encouragent. Merci, cela fait chaud au cœur. Je suis rassuré, le ravitaillement est en fait installé à l’intérieur dans une salle. C’est vraiment appréciable de pouvoir se reposer au chaud. Enfin, voilà un ravitaillement suffisamment consistant pour me refaire une santé. Depuis le temps que je l’attendais mon plat de pâtes ! Dommage, il n’y avait plus de sauce, il ne fait pas bon être un traîne-savate. Bouillon, pâtes, coca et un thé bien chaud me remettront sur les cannes. Les bénévoles sont très prévenants, cela compense assurément la sauce. J’ai étalé mes petites affaires pour tenter de les faire séchés. Mission impossible, il y a des limites même avec des vêtements techniques. Côté pieds, les trempettes forcées dans l’eau glacée ont eu le mérite de stopper l’échauffement que je commençais à ressentir sous les coussinets. Une bonne couche de Nok ne sera pas du luxe. Par contre, je vous laisse imaginer l’apparence de ma peau avec ce séjour prolongé à l’humidité ! Et puis avec l’état de mes chaussettes, l’expression « baigner dans son jus » prend tout son sens. Incommodé par sa propre odeur, tous à vos masques !

Les oranges sont arrivés à leur tour suivi encore plus tard par mon « déclic » anglais. Mon ancien compagnon de route est en piteux état côté physique mais il garde toute sa tête. Pour se refaire un corps tout neuf, il décide de se laisser aller à une sieste réparatrice, un bénévole veillera au grain, il s’agit de ne pas louper les heures limites des barrières horaires. Une petite tape sur l’épaule pour l’encourager et il est temps pour moi de quitter les lieux.

Bourg St-Pierre – Cabane de Mille
D+ : 1038 m, D- : 190 m, Dis. : 11,56 km
D+ cumulé : 5610 m, D- cumulé : 4620 m, Dis. cumulée : 87,97 km

Il faut imaginer cette montée au col de Mille comme une succession de trois immenses arcs de cercle inclinés qu’il nous faut enchainer les uns après les autres. Au creux de chaque arc se niche un torrent qui gronde et résonne crescendo dans l’obscurité, au fur et à mesure de notre progression. Une fois franchie la difficulté du mieux possible, c’est-à-dire en évitant de se ramasser dans l’eau noire peu avenante qui s’écoule entre les pierres des gués, on s’éloigne peu à peu et le son s’atténue pour devenir bientôt un murmure ouaté.

Je devine plus que je ne vois la masse sombre de la montagne qui me domine sur la droite. A gauche, très loin en contrebas dans la vallée, les lumières d’un village, peut-être celui de Liddes, me rappellent la présence de mes semblables. La plupart doivent être endormis maintenant tandis que je crapahute seul sur ces sentiers montagneux. Par moment, les lueurs d’une lampe frontale apparaissent furtivement au loin. Ce n’est guère réjouissant car elles semblent toujours bien hautes par rapport à ma position actuelle. Il n’y a pas de secrets, pour atteindre les 6900 m de dénivelé, il faut monter … et monter longuement.

Les deux loupiotes qui me pourchassent me travaillent beaucoup plus. Je soupçonne qu’elles appartiennent au couple orange et cela me dérange quelque peu. Amour propre oblige, je me suis affecté comme mission de rester en tête à tout prix. Je dis à tout prix mais dans les limites d’une saine concurrence sportive bien entendue. Je n’ai pas de pièges à loups sur moi de toute façon. J’ai beau y mettre toute ma meilleure volonté et une énergie raisonnable, je ne peux de toute façon pas faire plus, l’écart se réduit peu à peu comme une peau de chagrin. Bientôt, les frontales sont sur moi, leur halo m’éblouit avant que mes yeux s’habituent peu à peu à ce surcroit de lumière. Des visages marqués, rendus blafards par la lumière des LED apparaissent peu à peu. On échange quelques mots pour s’encourager et s’enquérir de la forme de chacun, un court intermède entre personnes partageant la même passion et puis chacun poursuit son chemin. Le couple X est à nouveau passé devant moi.

Nous sommes maintenant épargnés par l’orage mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Les éclairs jaillissent régulièrement plus à l’ouest, illuminant par instant les sommets montagneux. C’est féérique un orage quand on le voit de loin …

Le Trail Verbier St-Bernard 2010 Parcours

C’est bien la première fois que je souffre du manque de sommeil pendant la nuit. J’ai des coups de pompe matérialisés par des absences comme si je faisais une partie du chemin en dormant ou tout du moins en progressant alors que ma conscience sommeille. Et puis, mon esprit reprend subitement les commandes, je suis alors plus attentif au chemin et chaque passage marquant s’inscrit dans ma mémoire d’une façon indélébile.

Ce manque de vigilance m’a valu de rebrousser chemin pour vérifier ma route. Les marques de peinture matérialisant le chemin de grande randonnée était bien présents mais je ne voyais plus aucune trace de peinture verte et encore moins les piquets soutenant la rue balise réfléchissante. J’étais incapable de me rappeler si j’avais croisé les balises en question quelques instants plus tôt. Dans le doute, il valait mieux vérifier. Il n’était pas question de perdre de vue cette ligne de vie lumineuse, je n’avais pas envie de rallonger la sauce comme aux Coursières. Fausse alerte mais qui n’allait certainement pas arranger mes affaires avec mon challenge orange.

Pour éviter des divagations nuisibles à mon esprit (on ne progresse pas beaucoup en faisant des aller retour), j’ai essayé de faire des micro-siestes sur le bord du chemin. Je faisais coïncider celles-ci avec mes ravitaillements. Je me choisissais un rocher 3 étoiles, confortable et douillet, et je commençais par déguster lentement une barre de céréale ou un gel, puis la tête blottie entre les bras, je faisais le vide et relâchais au maximum ma musculature. Ce simple relâchement de quelques minutes était incroyablement efficace dès lors que je reprenais la route.

A l’occasion d’un mini dodo, je me suis fait rattraper par un coureur solitaire. J’ai fais le yoyo avec lui et deux autres coureurs que nous avons rattrapés par la suite. Toujours pas d’orange en vue. On aperçoit très tôt les lumières de la cabane de Mille. On croit pouvoir la toucher mais on s’en éloigne pour un dernier arc de cercle. C’est long. Ces lumières approchées sans être jamais atteintes, ça a quelque chose de cauchemardesque. Il ne faut surtout pas se focaliser dessus et vouloir les atteindre avec trop d’empressement. C’est le meilleur moyen pour se casser le moral. Mieux vaut prendre son mal en patience et profiter du calme et de la sérénité que l’on ne manque pas de ressentir lors de ce long cheminement nocturne.

Je mets pieds sur une crête balayée par les vents, quelques drapeaux plantés là à la gloire des sponsors de la course claquent et vrombissent dans la nuit, la rue balise tendue à rompre par les éléments forme un couloir qui guide mes pas vers les lumières toutes proches de la cabane de Mille, seule trace attestant de la présence de l’homme dans ce paysage désolé.

Ravitaillement de la Cabane de Mille
Heure d'arrivée : 02h25, Temps de course : 21:25:35, Temps de pause : 16', Classement : 157

Encore une centaine de mètres et j’arrive au ravitaillement. Il est à l’extérieur cette fois mais abrité efficacement du vent sous une toile de tente à proximité du refuge. L’accueil est chaleureux. Il y a là deux bénévoles ainsi que trois personnes dont je n’ai pas trop compris la présence. Spectateurs, randonneurs noctambules hébergés au refuge ? Je suis assis sur un banc en train de siroter un bouillon à moins que ce ne soit un thé, mes souvenirs s’effilochent déjà ! Comme à chaque ravitaillement, je ne manque pas de soulager mes pieds avec une bonne dose de Nok.
Mes compagnons yoyo sont arrivés peu à peu puis c’est le tour du couple orange. Argh, il est temps de partir …

Cabane de Mille – Lourtier
D+ : 78 m, D- : 1484 m, Dis. : 10,88 km
D+ cumulé : 5688 m, D- cumulé : 6104 m, Dis. Cumulée : 98,85 km

Il faut repartir en sens inverse, ce qui explique certainement la profusion de rue balise à cet endroit, avant de basculer sur la gauche pour attaquer la longue descente sur Lourtier. Quand même près de 1500 m de dénivelé négatif que les cuisses et les genoux vont devoir encaisser sans broncher. Négatif, tu m’étonnes qu’elle va être négative la descente pour mes pauvres guiboles !

Je n’ai pas énormément de souvenirs de cette descente sur Lourtier. Je me rappelle l’avoir effectuée en partie avec mes yoyos habituels. La pente atteignait parfois un fort pourcentage notamment dans la forêt de la Perche. En me laissant aller pour prendre un peu de vitesse, j’ai glissé plusieurs fois, me rattrapant in extremis, la douleur m’arrachant quelques jurons de circonstances mais avec un minimum de discrétion. Je m’en serais voulu de choquer quelques oreilles suisses.

Du haut des alpages, le regard embrasse une bonne partie de la vallée. Il y a beaucoup de lumières réparties en paquets plus ou moins lumineux. A chacun de ces groupes correspondent des villages. Lequel est Lourtier ?

J’ai repéré le ravitaillement grâce à une de ses immenses boules lumineuses qui servent aussi bien à éclairer un large emplacement qu’à faire de la pub pour telle ou telle marque. Les maisons alentours grossissent peu à peu au fur et à mesure de ma progression. Une lente progression en alternant marche et course, peut-être plus marche que course d’ailleurs. Le couple orange me talonne à nouveau à quelques encablures. Le jour se lève, j’arrive à Lourtier à temps pour l’heure du café.

Ravitaillement de Lourtier
Heure de départ : 6h00, Temps de course : 25:00:03, Temps de pause : 23', Classement : 143
Barrière horaire : 9h00, Marge : 3h00

La nuit a dû être longue pour les bénévoles, ils me semblent bien fatigués, quelque peu avachis sur leurs chaises derrière la table du ravitaillement. Je me fais servir un café et prends une petite réserve de gâteaux avant d’aller m’asseoir sur les bancs disponibles. Une nouvelle journée débute, un bénévole démonte la lampe que j’ai repérée dans la pénombre quelque temps auparavant. Le couple orange est arrivé et se restaure à proximité. Déjà une bonne demi-heure de retard sur mes prévisions les plus optimistes et je suis loin du compte si j’en crois les commentaires décrivant la montée à La Chaux, dernière difficulté au menu. Un truc similaire dans l’esprit à la montée de la Flégère à l’UTMB. Cela promet quelques moments délicats à passer. Il ne fait pas bon être cuit à Lourtier.

Lourtier – La Chaux
D+ : 1146 m, D- : 20 m, Dis. : 4,88 km
D+ cumulé : 6834 m, D- cumulé : 6124 m, Dis. Cumulée : 103,73 km

Le couple orange quitte les lieux avant moi. On ne peut décidément pas se la jouer cool et piquer un p’tit roupillon tranquille. Je suis en train de me faire bouffer tout cru par mon couple de tortues !

Je quitte à mon tour le ravitaillement bien décidé à ne pas finir en salade. La grimpette ne fait pas dans la dentelle, on tire tout droit dans la pente histoire de se rapprocher au plus vite du mur qui va nous occuper ce début de matinée.

Le mur en question est un régal pour un coureur en pleine possession de ses moyens. Imaginer une monotrace étroite formant d’innombrables petits lacets dans une pente de folie abritée des ardeurs du soleil par les frondaisons. Bertone ! Oui c’est cela, je me revois dans cette terrible montée au refuge Bertone l’année dernière. Une orgie de lacets, un cagnard sans pitié, les similitudes sautent aux yeux. A une différence près, il n’y a pas de refuge à la clé pour clore ce long calvaire musculaire. Ca ne se termine jamais, on espère par moment tirer à gauche, contourner la difficulté par un cheminement en balcon mais non à chaque fois le chemin repart à l’assaut de la pente et s’élève à nouveau rapidement.

J’espérais pouvoir terminer la course avec ma polaire. Aussi fine soit-elle, je ne pourrai de toute évidence pas la supporter encore bien longtemps. La chaleur se fait de plus en plus présente et est grandement renforcée par l’intensité de l’effort dans la pente. Je dois me résoudre à renfiler mon t-shirt toujours aussi trempé depuis l’orage de la veille. J’aurais dû le faire sécher pendant la nuit accroché à mon sac mais la place était déjà prise par ma veste de pluie et je m’imaginais arriver à Verbier aux premières lueurs … Ouaf ouaf ! L’effet est on ne peut plus rafraichissant voir réfrigérant !

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Le couple orange a fait une pause pour se ravitailler. C’est bien la première défaillance que je constate chez eux depuis que nos routes se croisent. La salade reprend les commandes. Je ne peux décemment plus me comparer à un lièvre tant je semble scotché au terrain. Et puis mon genou droit me fait un peu souffrir. Pas énormément c’est vrai mais j’appréhende de le solliciter autant que la pente le nécessiterait. Pour l’économiser, j’ai tendance à utiliser surtout la jambe gauche.

La dernière partie dans les alpages est un régal, on découvre avant même d’avoir franchi la lisière de la forêt que les réjouissances sont loin d’être terminées. Le mur se poursuit encore et encore, plus ou moins velu mais tout aussi impressionnant quand je vois au loin, bien plus haut, les silhouettes minuscules des quelques coureurs qui me précèdent.

Après avoir avalé une ultime bosse, la pente s’adoucit et le chemin ménage enfin nos organismes fatigués. La sonnerie du téléphone retentit. L’ami Biscotte est arrivé. Après avoir repris du poil de la bête, le remords l’a envahi et il s’enquiert enfin de l’état de son compagnon à deux pattes abandonné sur le bord de la route. Ce n’est pas encore aujourd’hui que l’on franchira bras dessus bras dessous la ligne d’arrivée d’un ultra. Pfft …

Ravitaillement de La Chaux.
Heure d'arrivée : 8h26, Temps de course : 27:26:13, Temps de pause : 10', Classement : 141

J’arrive au dernier ravitaillement. Il est installé sur un chemin carrossé à proximité de remontées mécaniques. Quand je pense que cet enfoiré de Biscotte m’a fait croire qu’il me faudrait atteindre l’ultime pylône du télésiège qui disparaît au sommet des pistes avant de basculer sur Verbier ! Je cherche mes mots, comment qualifier pareil coup pendable et quel châtiment lui réserver … La pendaison ? L’écartèlement ? L’empalement ? Trop doux … Le priver de trail ? Trop dur … Je trouverai bien, il ne perd rien pour attendre le bougre.
Encore inconscient de cette forfanterie, je reprends des forces assis sur une chaise, devant la table de ravitaillement en buvant du coca et en réveillant mes papilles gustatives à grand renfort de chocolat. Etait-il Suisse au moins ? En tout cas, la halte est plaisante, on domine la vallée depuis ce point de vue et le regard porte loin. Le couple orange repartira à nouveau avant moi du ravitaillement !

La Chaux – Verbier
D+ : 70 m, D- : 780 m, Dis. : 6,81 km
D+ cumulé : 6904 m, D- cumulé : 6904 m, Dis. Cumulée : 110,54 km

On quitte le ravitaillement par le sentier du Bisse. Je profite de cette partie plane pour solliciter des qualités de coureurs bien peu exploitées pendant cette balade. J’ai l’impression d’avoir beaucoup marché ! Cette relance me permet de me dépatouiller une bonne fois pour toute de mes challengers orangés. Non mais …

Un petit lacet en montée me fait penser que l’ultime grimpette le long des pylônes du télésiège décrite par Biscotte a enfin commencé mais la supercherie éclate bientôt à mes yeux ! « Oh, l’enfoiré … » J’avoue avoir été quelque peu soulagé en découvrant que l’on basculait directement sur Verbier ! Enfin, quand je dis directement … le final m’a quand même occupé plus d’1h30. Une paille ! Il semble encore bien petit le centre sportif de Verbier à ce moment-là.


YES ! Je suis finisher du Trail Verbier St-Bernard !

Toute chose à une fin, j’arrive enfin à Verbier. La délivrance est pour bientôt. Mais non, que dalle ! Me voilà perdu au milieu d’un chantier à chercher des traces vertes. Une petite montée d’adrénaline, je m’imagine déjà grillé sur la lignes par mes deux tortues. Tient une flèche verte au sol … Ouais, c’est vert mais ce ne sont pas les jolis petits ronds habituels. Me voilà perplexe, c’est peut-être un balisage pour les vététistes en nombre dans la station. Une piste verte pour les débutants ? Il est pas bien frais le père Arthur ! Mes quelques neurones survivants finissent par me remettre sur les rails.

Je me rapproche du centre du village. L’arrivée du trail ne semble pas avoir déplacé les foules mais il y a quand même quelques spectateurs et des passants qui m’encouragent et applaudissent lors de mon passage. Je suis sur un petit nuage. Ces moments savoureux à l’approche de l’arrivée sont si fugitifs qu’il faut en savourer chaque précieux instant. Je longe des boutiques, évite les terrasses et me faufile entre les badauds en trottinant gentiment. Je traverse prudemment une rue et je pénètre dans le couloir de l’arrivée. Un petit virage à gauche et l’arche se dresse devant moi. Purée ce que c’est bon d’arriver.

Histoire de finir en beauté, je renouvelle le petit saut sur le côté pour faire claquer les talons. Bon, il faudra que je le refasse deux fois, le photographe a insisté, il m’a raté à la première tentative ! Biiiip. Le dernier pointage est effectué, 29 heures après le départ de la course. Ca y est, je l’ai fait. Je suis finisher du trail Verbier St-Bernard !

Comatage d’après course

Cette canaille de Biscotte est dans le sas d’arrivée. Faux frère, tu n’as pas trop souffert de bourdonnements et autres sifflements dans les oreilles ? Parce que je t’ai gentiment béni en cherchant les pylônes sur le bord de mon chemin. Bravo mon poulet pour cette belle course comme quoi quand tu veux … :mrgreen: 😆


Photo souvenir devant un poster de la course.

Le photographe me fait prendre la pose devant un poster de la course puis on me remet mon cadeau : un t-shirt technique manche longue Columbia qui vient compléter à merveille mon matériel. Me voilà équipé pour la mi-saison.

Alors que nous étions en train de déguster le repas d’après course et de nous réhydrater avec la traditionnelle bière d’après course, nous avons assisté à l’arrivée du couple orange. J’ai vengé le lièvre et réussi à faire la nique à la fable mais c’était loin d’être gagné et à défaut d’avoir eu le temps de féliciter sur place mes deux tortues (ils sont partis immédiatement), je m’empresse de le faire maintenant par écrit. Toutes mes félicitations à vous deux.

Une fois repu, je suis allé prendre une douche au centre sportif. Avec 3h d’avance sur moi, Biscotte a eu tout le temps nécessaire pour m’accueillir frais comme une rose à l’arrivée. Pas sûr qu’il me reste de l’eau chaude d’ailleurs … J’arrive trop tard pour me briquer sous les douches des hockeyeurs fermées entre temps mais celles de la piscine attenante feront l’affaire. En sortant de la douche, j’ai la bonne surprise de voir arriver David, l’anglais rencontré au Grand St-Bernard. Tope là, l’ami, je suis vraiment heureux que tu ais également terminé ce périple. C’est un peu grâce à toi que j’ai eu le courage de repartir sur mes deux jambes après l’épisode orageux de la Fenêtre du Ferret. Merci à toi.

Un gros regret. J’ai complétement zappé que Jean-Luc Ridet (coureur d’ultra en tout genre et accessoirement masseur thérapeute et coach sportif) était également à Verbier pour faire bénéficier aux coureurs de sa science du massage. Pourtant, j’en aurais bien eu besoin !

Histoire de reprendre la route dans de bonnes conditions nous sommes allés faire une petite sieste au bord de l’eau. 3 heures à faire la fête à Morphée allongés sur les sièges de la voiture. Je me serais probablement laissé tenter par une petite heure supplémentaire mais j’ai eu pitié de la Biscotte qui n’arrivais pas à dormir. Trop chaud, trop de bruit. Il était dérangé par le doux bruit de l’eau à moins que ce ne soit par les quelques ronflements d’un Arthur assoupi. C’est vrai aussi qu’il était temps de clore le weekend. Je débutais mes vacances mais l’ami Biscotte devait se lever aux aurores le lendemain et se rendre au boulot en vélo ! J’envisageais pour ma part une toute autre forme de récupération.

Avant de quitter la Suisse, nous avons acheté une barquette d’abricots du Valais, une petite contribution à l’économie locale et une manière agréable de dépenser nos derniers francs suisses. Le retour par Chamonix s’est fait sous la pluie, le weekend s’est terminé comme il a commencé mais purée entre les deux j’en aurai vraiment pris plein les mirettes.

Conclusion

J’avais prévu un temps de 26h20 en début d’année (Programme des réjouissances pour 2010 …) puis de 24h après les Coursières … J’en suis bien loin, le chrono n’est pas à la hauteur de mes espérances mais qu’importe, je suis vraiment très satisfait d’avoir pu rejoindre la ligne d’arrivée.

J’ai bien failli rendre les armes au Col du Grand St Bernard … Se prendre un orage de grêle à 2700m d’altitude sur un névé est relativement vivifiant. Je n’ai même pas eu le temps de sortir ma veste que j’étais trempé jusqu’aux os ! Sans compter le risque de se prendre la foudre. Et que dire des traversées multiples de torrents en cru avec de l’eau jusqu’aux chevilles ! Il y a eu beaucoup d’abandons à ce moment de la course mais j’ai eu la chance de passer au travers probablement en partie grâce à ce coureur anglais rencontré. La descente du St Bernard en direction de Bourg St-Pierre dans les chemins transformés en torrent et sur les névés transformés en piste de luge a été curieusement un des moments que j’ai le plus apprécié.

Mais pourquoi donc ce surcroit de temps ? J’ai ressenti des douleurs dès la première descente dans la jambe droite et notamment au niveau du genou. Dans les montées, la chaleur me clouait littéralement au sol. Je suis très sensible aux températures excessives, avec le manque de lucidité, je vais d’ailleurs faire l’erreur d’oublier mon t-shirt manches courtes à la Fouly, ce qui ne va pas arranger les choses. Bref, je suis bien en-dessous de mon allure dès la seconde montée.

J’ai perdu énormément de temps au Grand St Bernard … Il faut s’imaginer arriver tremper jusqu’aux os (sac compris) de la tête aux pieds, par une température qui n’a plus rien de caniculaire, dans un lieu surchauffé où des gens vous servent un bouillon bien chaud … Très difficile mentalement. J’ai mis du temps à me refaire une santé, à réorganiser mon matos et à trouver les ressources mentales nécessaires pour m’extraire de ce piège.

Ne pas atteindre Bourg St-Pierre avant la nuit m’a fait perdre à nouveau beaucoup de temps. C’était très difficile de courir la nuit, je trottinais parfois mais l’allure correspondait plus à une marche rapide. Ce n’était pas le lendemain pour la fin du parcours que j’allais refaire mon retard … J’étais surtout occupé à gérer la fatigue avec l’objectif d’arriver au bout.

J’ai passé un temps de 3h38 cumulé pour les 10 ravitaillements. J’estime qu’un temps de 2h20 aurait dû être suffisant. Difficile de faire moins. Il faut compter 10 minutes par ravitaillement et 30 minutes aux ravitaillements de la Fouly et de Bourg St-Pierre. Déjà 1h18 de gagner pour la prochaine fois …

J’ai l’impression de manquer de fraîcheur physique et de ne pas être à 100% de mes capacités depuis l’Ultra des Coursières. Un peu comme si le moteur tournait sur 3 cylindres. J’ai coupé complétement pendant deux semaines après Verbier, j’espère que cela suffira pour me remettre sur les rails.

Et pour la course elle-même ?

Le Trail Verbier St-Bernard est une course monstrueusement géniale. Il ne faut pas sous-estimer la difficulté du parcours. Il y a de quoi faire une overdose de lacets dans la dernière montée après Lourtier.

Les paysages sont somptueux. Je me suis arrêté plusieurs fois pour en profiter, assis sur un rocher, scotché face à la beauté des montagnes qui m’entouraient. J’en avais des frissons de plaisir/émotion similaire à l’effet que que l’on peut avoir en écoutant un morceau de musique favori. Le truc qui te prend aux tripes … bon j’étais aussi scotché par la fatigue !

Le balisage est parfait et très facile à suivre même la nuit. C’est appréciable quand on chemine longuement tout seul et puis quelle bonne idée d’avoir dessiné le profil de la course sur le dossard.

Je n’ai pas compris l’intérêt du sac coureur à la Fouly. Je pense qu’il vient beaucoup trop tôt dans la course. Il serait beaucoup plus utile de bénéficier d’un change à Bourg St-Pierre avant la nuit. Un ravitaillement chaud à la Fouly équivalent à celui de Bourg St-Pierre serait un plus indéniable à mon sens. J’ai trouvé cela vraiment léger mais peut-être suis-je passé à un mauvais moment ? C’est bien là le seul reproche que j’ai à faire aux organisateurs. Je ne peux que vous recommander chaudement d’inscrire le Trail Verbier St-Bernard à votre agenda.

@rthurbaldur.

Récapitulatif :
Temps : 29h02’55 »
Distance : 110 km
D+ : 6900 m

Ravitaillement de la Croix de Cœur
Heure d’arrivée : 07h01, Temps de course : 02:01:15, Temps de pause : 8′, Classement : 252

Ravitaillement de Levron
Heure d’arrivée : 8h40, Temps de course : 03:40:04, Temps de pause : 17′, Classement : 238

Ravitaillement de Sembrancher
Heure d’arrivée : 9h42, Temps de course : 04:42:12, Temps de pause : 10′, Classement : 261
Barrière horaire : 11h30, Marge : 1h48

Ravitaillement de Champex
Heure de départ : 11h31, Temps de course : 06:31:09, Temps de pause : 9′, Classement : 253

Ravitaillement de La Fouly
Heure de départ : 14h38, Temps de course : 09:38:36, Temps de pause : 33′, Classement : 224
Barrière horaire : 17h00, Marge : 2h22

Col de Fenêtre
Heure de départ : 18h02, Temps de course : 13:01:57, Temps de pause : 1′, Classement : 219

Ravitaillement du Grand Saint-Bernard
Heure d’arrivée : 18h59, Temps de course : 13:59:36, Temps de pause : 46′, Classement : 216

Ravitaillement de Bourg St-Pierre
Heure d’arrivée : 22h52, Temps de course : 17:06:13, Temps de pause : 46′, Classement : 171
Barrière horaire : 2h00, Marge : 3h08

Ravitaillement de la Cabane de Mille
Heure d’arrivée : 02h25, Temps de course : 21:25:35, Temps de pause : 16′, Classement : 157

Ravitaillement de Lourtier
Heure de départ : 6h00, Temps de course : 25:00:03, Temps de pause : 23′, Classement : 143
Barrière horaire : 9h00, Marge : 3h00

Ravitaillement de La Chaux.
Heure d’arrivée : 8h26, Temps de course : 27:26:13, Temps de pause : 10′, Classement : 141

Classement général : 141/159 (356 partants)
Classement VH1 : 67/71


Le t-shirt technique manches longues et la casquette en cadeau

Le site : Le Trail Verbier St-Bernard

Quelques photos :

Trail Verbier St-Bernard