Aujourd’hui, c’était jour de reprise. Depuis mon épopée hivernale dans les Monts du Lyonnais je n’ai rechaussé qu’une fois mes runnings. C’était jeudi soir pour une petite séance de 45 minutes histoire de tester l’état du bonhomme. Bilan : 30 minutes avec d’excellentes sensations et des jambes de toute première fraicheur. Bon, tout cela a disparu subitement et les 15 dernières minutes ont été un peu moins agréables, mes guiboles m’ont gentiment rappelé à l’ordre.

Mais 30 minutes de bonnes sensations, c’est largement suffisant pour le programme du weekend. Après une LyonSaintéLyon, il n’y a pas mieux qu’un petit cross pour se remettre dans le bain. Ca vous décrasse les poumons, ca vous chauffe les cuisses et c’est sacrément bon pour le moral. Ca tombe bien ce samedi avait lieu le cross des Papillotes.


Le parc de la Sathonette à Saint-Maurice de Beynost.

Il se déroule à Saint-Maurice de Beynost dans le parc de la Sathonette. Il propose, entre autres, une épreuve destinée aux catégories masculines de cadets à vétérans d’une distance de 5190m. Le parcours est composé d’une boucle de 1330 m à parcourir 3 fois puis d’une dernière boucle de 1200 m pour conclure en beauté. Deux grimpettes pour atteindre le point haut du parc, une petite bosse entre deux arbres pour ajouter du piquant et beaucoup de virages pour travailler les relances, bref tout ce qu’il faut pour ventiler à fond et faire crier grâce à vos cuisses !

Je m’aperçois d’ailleurs que je m’étais quelque peu gaufré dans la longueur du tracé l’année dernière. Je pensais avoir couru 4 boucles de 1200 m … Cool, voilà qui gonfle un peu ma moyenne.

Cette année Tazounet est de la partie. Nous ferons le trajet ensemble et nous rejoindrons compère Jean-Yves sur place. La neige est à nouveau au rendez-vous et recouvre en grande partie le parc. Il fait un peu frais mais le ciel est bleu et le soleil est bien présent.

Le retrait des dossards est abrité sous une grande tente marabout. Elle permet également aux coureurs de se changer et de déposer leur sac. Des bénévoles chaudement habillés se chargent des inscriptions. Les formalités sont rapidement effectuées.
Il y a pas mal de coureurs dans la tente et tout autant de sacs mais nous trouvons une petite place pour déposer les nôtres. C’est sympa toutes ces générations de coureurs réunis dans une même passion de l’effort.


Mine de rien, il y a quand même pas mal de neige sur le point haut du parcours.

Compère Jean-Yves est arrivé entre temps. Une bonne poignée de main, quelques mots échangés et il part rejoindre son club (AC Tassin) pour récupérer son dossard..

Nous avons de la marge avant le départ. Suffisamment pour aller faire une petite reconnaissance du parcours. Je fais découvrir à Tazounet les quelques réjouissances du jour, les petites bosses qui font mal, les virages en dévers, les faux plats où il faudra relancer. Il y a environ 10 m de D+ pour chaque tour et mine de rien c’est loin d’être plat. Qui c’est qui va se régaler ?

L’heure tourne, il est temps de se changer. J’ai laissé le débardeur et le short échancré Millanais dans le fond du tiroir préférant le confort d’un corsaire et d’un t-shirt manches longues. Des gants de soie et le buff de la SaintéLyon viennent compléter ma tenue. Le look est plus proche du trailer que du crosseur mais ma tenue a le mérite de me protéger un peu plus de la morsure du froid.

Ce qu’il y a de bien avec les cross, c’est que les choses sont clairement posées dès le départ : tu es ici pour maraver et fumer ton voisin dans la joie et la bonne humeur. Ici on poignarde, on trucide mais avec respect. On se bat contre soi-même et contre les autres dans un même plaisir de l’effort. Purée, je suis excité comme une puce à l’idée de me faire chauffer les cuissots.

Nous peaufinons l’échauffement en faisant des aller-retours sur la seule ligne droite et plate du parcours après la ligne de départ. Imaginez ce que peut donner la scène : une bonne centaine de coureurs se croisant à bonne vitesse sur une centaine de mètres. Certains font de sacrées accélérations. Je me demande s’il n’y pas un peu d’intox dans tout cela, du genre : regardez, il va falloir compter sur moi …

Le starter nous invite à nous rendre sur la ligne de départ. Jean-Yves est sur ma gauche dans le groupe de l’AC Tassin. Tazounet est juste devant moi. Je suis en milieu de peloton. Pas trop devant pour éviter de me faire piétiner, pas trop derrière pour bien me positionner avant le premier virage.
J’enclenche ma Polar alors que le starter lève son pistolet vers le ciel … PAN !

C’est parti, top chrono … C’est la bousculade au départ, chacun cherche à se placer, à faire son trou, il faut jouer des coudes, se faufiler. Ca freine devant, j’évite un coureur et je relance aussitôt. Il faut être concentré un max au départ pour éviter la collision … Il ne doit pas faire bon chuter à ce moment de la course. Avec la vitesse, on aurait le droit à une sacrée mêlée et quelques marques de pointes de 15 sur les mollets !

J’ai repéré Jean-Yves sur ma gauche, deux ou trois coureurs me séparent de lui. J’amorce le premier virage en évitant de passer trop à la corde car le terrain a bien travaillé à cet endroit et s’est transformé en une boue épaisse qui fait ventouse. Première côte : on longe le mur d’enceinte, les jambes répondent bien. Je rejoins Jean-Yves dans le petit virage à mi-hauteur. Son allure me convient. Je me cale dans ses pas, juste derrière lui, sans manifester ma présence. Il pourrait tenter de me lâcher et il n’est pas évident que je puisse le suivre. Cela fait une éternité que je n’ai pas travaillé cette allure de course.

Jean-Yves a un peu accéléré dans la descente, creusant un écart de quelques mètres, il passe un coureur par la droite, je le passerai par la gauche. J’accélère pour le rejoindre, il y a un rétrécissement pour passer la petite bosse entre les deux troncs d’arbres, je me faufile, passe en tête la difficulté et me retrouve sans le vouloir devant Jean-Yves. Merde, je n’avais pas vu les choses comme ça ! Ca ne va pas du tout, comment voulez-vous que je le pourrisse au sprint par surprise comme à la Feyssine en étant devant !


La tête de course des Minimes.

Je change de stratégie, j’accélère avec l’idée de creuser l’écart. Je passe le virage sous le bosquet d’arbres, tourne autour du tronc et attaque la seconde grimpette du tracé. Dur la relance en sortie de virage, on la sent direct dans les guiboles mais on se force à bien faire car le public nombreux ne ménage pas ses encouragements.

Dans les quelques mètres de plat sur la partie haute, je veux doubler par la droite mais je me fais piéger et j’arrive mal positionné dans le virage en dévers. Je le prends trop à la corde, dans la partie la plus en pente. Je voyais cela plus casse-gueule mais non ça passe et c’est même tout bénef pour moi, je viens de gagner deux places.

Nous basculons pour redescendre à mi-pente le long du bâtiment de la cantine avant de remonter pour contourner le bois. Je profite du changement de direction pour chercher du coin de l’œil Jean-Yves. Il n’est pas bien loin, quelques secondes tout au plus et encore en raclant bien les fonds de tiroir. C’est plutôt mince.

On redescend à nouveau sur la partie basse du parc en passant devant le gros des spectateurs. Allez Tassin, allez l’Asvel, bon c’est bien beau ça mais un p’tit encouragement à Arthur, vous n’auriez pas ça en stock ?

Je termine le premier tour en 5’20. Avec l’expérience de l’année dernière, je sais que ça ne va pas tarder à être dur et c’est bien évidemment très vite le cas. J’ai nettement ralenti dès la première côte. Je manque de puissance dans la pente, les jambes sont flagadas. Malgré la fatigue du premier tour, je négocie beaucoup mieux les petits pièges du parcours. J’ai laissé le contrôle de la situation à mes jambes ! La petite appréhension de glisser ressentie au premier tour a disparu. Je chasse bien un peu du talon par moment comme la roue arrière d’une moto dans le sable mais l’avant pied ne bouge pas d’un iota avec les pointes. A défaut de courir sur la pointe des pieds, il suffit de courir un peu plus à plat pour s’assurer une adhérence maximale.


Tazounet teste l’adhérence de ces pointes sur la petite bosse.

5’40 pour venir à bout de cette seconde boucle. Effectivement, j’ai bien ralenti ! D’ailleurs l’ami Jean-Yves en a profité pour revenir peu à peu sur moi. Je m’attends à tout instant à un maravage en règle. Plusieurs fois, je le sens prêt à me passer mais à chaque fois je fais l’effort pour relancer la machine. Tout cela est infime, de très légères accélérations, le minimum nécessaire pour rester en tête et le maximum que je puisse faire de toute façon.

Il me faut à nouveau 5’40 pour en finir avec la troisième boucle. Je pensais m’être à nouveau effondré et bien non je survis et j’ai réussi à maintenir mon allure même si je ne me fais pas la moindre illusion pour la suite. On va bientôt sonner l’hallali et c’est Arthur qui tiendra le rôle du gibier. Je n’ai jamais eu les jambes aussi cotonneuses que dans cette relance au début de la seconde côte après le virage en épingle autour de l’arbre.

Dans la côte, le coach de l’AC Tassin encourage Jean-Yves et l’exhorte à relancer la machine, à tout donner. « Je suis cuit Manu, je suis cuit … Je n’ai plus rien dans les jambes. ». Oh, ça ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Il est cuit, je suis cuit, nous sommes cuits mais je suis le seul à le savoir. M’enfin Jean-Yves, c’est un vrai pousse au crime ce genre d’aveu.

Moi qui ne donnais pas cher de ma peau, me voilà regonflé à bloc. Tenir, tenir … Dans la dernière descente un spectateur nous hurle « Allez, plus que 400 m … ». J’enquille, c’est le moment ou jamais … J’accélère même franchement. Purée, j’ai l’impression de courir dans la mélasse, de ne pas avancer … Pense à tes bras, bon sang tes bras, tire dessus … Un tournicoti, je relance à fond après le virage, voici la dernière ligne droite. Je ne me retourne pas, j’accélère encore, un ultime effort pour tenter de reprendre le coureur qui me précède … Non c’est trop court, je passe la ligne à sa suite. Jean-Yves est juste derrière moi. Yessss !!! Je l’ai eu …


Ca va, il a l’air satisfait !

Affaire réglée. 4’47 pour la dernière boucle, 21’27 pour la totale. Purée, je me suis mis minable. J’ai les jambes qui flageolent, avec le froid mes poumons sont à vif, je tousse à m’en arracher les boyaux mais bon sang je suis le plus heureux des hommes. Entre les barrières de sécurité, on se tape sur l’épaule, on se congratule. On rend notre dossard pour le classement et on nous donne en échange quelques papillotes. On les a bien méritées celles-là. Nous avons même droit à un t-shirt ! Bon il est en coton mais vu que le cross des Papillotes est gratuit, il serait mal venu de faire la fine bouche !

Finalement la seule chose qui soit dommage dans le cross, c’est que ce soit si court ! Ce fut en tout cas une bonne occasion de papoter avec mes compères, un bon vin chaud à la main. Enfin, ça c’était pour les hommes, les vrais. Tazounet a préféré siroter un chocolat chaud, vraiment il faut que je refasse toute son éducation … 😆

Le cross c’est bon, mangez-en et si possible le cross des Papillotes car il est excellent !

Arthurbaldur. 🙂

Récapitulatif :

Classement : 103/144
Classement VH : 65/93
Distance : 5190 m (3x1330m + 1x1200m)
D+ : 40m
Temps : 21’27 »
Vitesse – Allure : 14,52 km/h – 4’08 »

Les résultats complets : Le Cross des Papillotes.