Vous vous êtes entraîné sérieusement pendant de longues semaines, vous êtes frais et dispo après une période « à faire du jus », vous avez soigné votre alimentation, vous avez fait le plein de sommeil réparateur et vous avez préparé un matériel utilisé maintes fois … mais quid de vos pieds ?
S’il est une partie du corps qu’il faut bichonner pour finir dans de bonnes conditions une course au long cours, c’est bien vos pieds. Une préparation soignée en amont de la course est indispensable. Les frottements permanents de la peau avec les chaussettes et les chaussures engendrent une irritation de l’épiderme qui évolue en brûlure. C’est l’ampoule (ou phlyctène) et la formation d’une bulle douloureuse.
Certains penseront pouvoir y échapper. Ce sera effectivement souvent le cas sur des courses de quelques heures à condition que vos chaussures soient adaptées à votre morphologie. Avec les durées de courses rencontrées sur les ultra, les problèmes sont amplifiés. Il est bien difficile d’échapper à un échauffement cutané après 20 heures de course et ce d’autant plus si les conditions météorologiques ne sont pas favorables.
A la préparation des pieds en amont doit venir s’ajouter un soin des pieds pendant la course. J’avais négligé cet aspect de la question pour la CCC car je n’avais jamais rencontré de problème lors de mes précédentes compétitions. La sanction ne s’est pas fait attendre. Une bonne ampoule juste après un changement de chaussettes à Champex.
La préparation des pieds :
Elle consiste à renforcer la résistance de la peau. On cherche à épaissir l’épiderme avec un produit tannique tout en préservant sa souplesse avec une crème type anti-frottement. Il faut compter trois semaines de préparation. C’est simplissime et efficace.
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Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Le but est d’épaissir la peau, pas de fabriquer de la corne à tout va au risque que les ampoules apparaissent en profondeur sous la couche cornée. Le truc bien sympa quoi.
J’ai trouvé sur le web des solutions tanniques à faire préparer en pharmacie :
1. de l’acide picrique à 10% : on s’en servait anciennement pour le tannage des coussinets des pattes de lapins mis à mal par les grillages des clapiers. Ce composé chimique n’est pas vraiment des plus anodins ! Il semble qu’il soit désormais interdit.
2. une préparation à base de d’Alcool à 60%, Camphre et Formol. Quelle est son efficacité ?
Il existe une multitude d’autres solutions : Teinture de Benjoin, Henné …
Et même des solutions issues du rayon vétérinaire !
Solipat, Tanopat, Mamanpat (en fait, j’ai fait l’article juste pour sortir cette connerie 😳 :lol:) qui sont utilisés pour renforcer les coussinets de nos amis les bêtes. Je n’ose pas imaginer les effets secondaires à long terme. Peut-être une plus grand souplesse pour lever la patte … 😕
Une autre solution plus simple consiste à utiliser du jus de citron. Pour ma part, j’utilise la solution prête à l’emploie TANO depuis qu’Akileïne a mis ce produit sur le marché.
Pour ce qui est de la crème anti-frottement, j’ai opté pour la crème NOK du même fabricant mais vous n’avez que l’embarras du choix. Les catalogues sont plus fournis que pour les solutions tanniques et vous n’aurez pas à jouer à l’apprenti canin.
La prévention, le jour de la course :
Avant le départ, il faut enduire généreusement vos pieds avec la crème anti-frottement. Certains préconisent même de graisser l’extérieur des chaussettes, après les avoir enfilées, au niveau des zones les plus sensibles.
Si la compétition doit durer dans le temps (je pense à des durées supérieures à 12 heures), n’hésitez à perdre un peu de temps aux ravitaillements pour renouveler l’opération notamment en cas de changement de chaussettes. Les chaussettes sèches ont tendance à être plus rêche …
C’est fou ce que l’on devient flemmard avec la fatigue … N’attendez pas pour enlever de vos chaussures les petits cailloux, grains de sable ou morceaux de végétations, aussi infimes soient-ils, même si ces quelques passagers clandestins ne semblent pas vous gêner outre mesure. Vous risquez de constater leurs qualités abrasives à vos dépends. Le mieux étant de se protéger de ces intrusions inopportunes avec des mini guêtres.
Vous sentez vos pieds ? Non, je ne fais pas appel à vos qualités olfactives, je pense à une très légère gêne, à une sensation d’échauffement de la peau voire même à l’impression que quelques grains de sable se sont infiltrés dans vos chaussettes ? Méfiance, une ampoule s’est peut-être formée. Lorsque la peau de la bulle n’est pas déchirée, la douleur n’est pas forcément au rendez-vous. Après, c’est une plaie et une plaie ça fait mal !
Comment se soigner avec les moyens du bord :
Lorsqu’il n’y a encore qu’une simple rougeur :
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Lorsqu’une ampoule s’est formée :
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Lorsqu’elle s’est déchirée :
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Remarque : il faut nettoyer soigneusement la peau avec le sérum physiologique. La crème anti-frottement ne fait pas bon ménage avec les pansements. Vous risquez de vous arracher les cheveux en constatant que votre dernier pansement ne colle pas !
Il faut penser également que l’ampoule peut se former à un endroit où le pansement aura tendance à se décoller. Pensez à emmener un peu de sparadrap (de préférence un sparadrap qui se découpe sans ciseaux) pour renforcer l’adhérence de l’ensemble si nécessaire.
Le matériel :
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Rien de bien neuf dans tout ce que j’ai écrit. J’espère seulement que cela m’évitera les déboires rencontrés lors de la CCC ! En tout cas, je n’ai pas eu à m’en plaindre pour la Montagn’Hard.
Rappelez-vous, il n’y aura pas de soins de confort à l’UTMB cette année …
Très intéressant ton article et je confirme pour les bienfaits des crêmes NOK (je n’ai pas de part dans la société).
Par contre éviter le produit similaire de chez DECATHLON … moins cher mais aucune efficacité, la preuve après « seulement » 35km et 2200D+ =>
http://farm3.static.flickr.com/2427/3690192281_cde85540fd.jpg?v=0
Je n’avais jamais eu de soucis aux pieds avant le raid du morbihan, ton article résume bien le problème et je crois que maintenant sur le long j’aurais quelques adaptations à faire pour préparer mes pieds 😉
@lamiricore
T’avais fait vraiment fort sur ce coup !
Je m’aperçois que je n’avais pas mis à jour l’adresse de ton site depuis que tu as un nom de domaine … Le mal est réparé. 😳
Soigne toi bien. 🙂
@Bruno
Ca vaut le coup de se pencher sur le problème en tout cas.
C’est vraiment galère les ampoules. 😕
– Le jus de citron m’a bien réussi pour les Coursières. J’avais fait une visite chez le Podologue/Pédicure pour bichonner mes petits petons et c’est lui qui me l’avait conseillé, sur 3 semaines…
– La Nok le jour de la course, j’ai refait une application au bout de 7/8h de course, c’est Tip/Top sans soucis, surtout avec un changement de chaussettes 😉
– Et puis il faut se couper les ongles une semaine avant et pas simplement la veille du départ 😛
@ LamiRicoré : Si tu ne testais pas des nouvelles chaussures en compétition aussi..
@ arthurbaldur : merci pour le lien !
à Taz : Quoi ?? je fais des tests pour mes lecteurs !!!!
Moi je prépare mes pieds avec la Nok et le jour de la course je mets la crème anti-frottement d’overstim’s.
Et le pulco ça marche aussi??? 🙂
Excellent cet article… comme tout ton blog d’ailleurs.
J’espère qu’on se verra sur l’UTMB comme sur la MH 🙂
Allez hop, super blog, je file chercher si tu as un flux RSS pour ne plus passer à coté de tes articles 🙂
A+
@Taz le Diable
Effectivement. Je me coupe également les ongles de pieds une semaine avant la compétition et je ne teste pas mes nouvelles chaussures le jour de la course. En fait, ça m’est déjà arrivé. 😳 😆
C’était pour la Foulée des Monts d’Or en 2006. Mais c’était ça ou courir avec les semelles presque lisses de mes Skylon. Pas génial dans les parties hors bitume. En plus il y avait des plaques de verglas et de la neige sur une petite partie du tracé.
@Fab1
Tu peux toujours essayer avec du Limoncello. Peut-être même qu’avec un bon pastis (histoire de ne pas rester sur une note citronnée) … 😕 😆
@Tercan
Merci l’ami. On va probablement se voir. J’espère d’ailleurs que ce sera plus longtemps que pour la Montagn’Dard … 😉
Pour le flux, tu as un lien (énorme comme dirait tazounet) en haut à droite du site et également tout en bas dans le pied (articles et commentaires). Ton site est déjà dans mon agrégateur depuis un moment (c’est pas humain de faire autant de dénivelé). 😉
A bientôt. 🙂
Merci pour l’article, je prends bonne note, ça ne peut que m’aider 😀
Perso pour les ongles je préconosise de ne pas les couper mais de les limer, ça revient plus souvent mais c’est toujours parfait et on ne risque pas l’accident !
Merci Gourdoda. Effectivement, on conseil plutôt de se limer les ongles.
J’en profite pour insister sur un point important du tannage :
« ll ne faut pas abuser des bonnes choses. Le but est d’épaissir la peau, pas de fabriquer de la corne à tout va au risque que les ampoules apparaissent en profondeur sous la couche cornée. Le truc bien sympa quoi. »
J’ai eu une toute petite ampoule sous la peau à l’avant du pied. Si la peau est trop épaisse, le frottement se fait en dessous de la couche cornée. Je pense qu’il faut limiter l’usage du Tano à deux traitements par année pour ne pas favoriser l’apparition de ce phénomène. A adapter au cas par cas bien sûr. 😉
salut à tous,
et bravo pour le site….podo du sport fréquemment sur l’UTMB, je te dis bravo pas de faux pas…si ce n’est deux choses: si vous voulez ponctionner une phlyctène(bulle, cloque,….) avec une seringue percez tangentiellement au plan cutané, sinon le risque c’est la piqure du derme et donc potentiellement l’infection profonde (l’épiderme n’étant pas vascularisé, les risques sont nettement moins importants)
d’autre part, pour les pansements j’utilise du méfix (élastique) appliqué sur peau sèche(primordial) et je recouvre par du collodion élastique appliqué avec un abaisse langue en bois(ou ercefilm mais plus cher ) en dépassant les bords du pansement, c’est radical peu importe les conditions atmo…
et surtout, les hyperkératoses viennent des frottements exagérés et des hyperpressions, il faut donc bien avant la course prendre en charge les facteurs favorisants…
sportivement
Pierre-Franck VARVENNE
podologue de l’association PODO’XYGENE
Merci. C’est sympa d’avoir pris le temps de compléter. 🙂
J’aimerai avoir quelques précisions sur l’usage du méfix.
Dans le cas d’une ampoule fermée, je peux utiliser directement du méfix en remplacement du pansement hydrocolloïde et je rends le tout « étanche » à une éventuelle contamination avec de l’ercefilm. Solution radicale effectivement mais dans le cas d’une ampoule ouverte, est-ce que je peux utiliser directement le mefix sur la plaie ou est ce que je me contente de l’utiliser pour fixer le pansement hydrocolloïde dans les endroits difficiles ?
Je ne suis pas un très bon client pour les podologues. J’ai d’adorables petits petons (taille 46 quand même) sans le moindre petits problèmes … A si un tout petit durillon qui s’est formé à la limite d’une vieille ampoule. Un cadeau qui m’est tombé dessus à la CCC2008.
On aura peut-être l’occasion de se croiser sur un ravito en 2010 … j’espère juste que ce ne sera pas pour te faire bosser. 😉
Ola,
et meilleurs voeux sportifs (et non-sportifs aussi d’ailleurs).
alors pour répondre à ta question, non il ne faut pas utiliser le Mefix directement sur la plaie mais interposer une compresse ou un coton imbibé d’un asséchant type éosine ou bétadine si il y a eu saignement (ce qu’il y a sous la main en fait).Le but étant de « reconsolider » les tissus mis à nus.
Je ne suis vraiment pas un adepte de l’hydrocolloide en course, en cabinet c’est naturellement différent….
tant mieux que tu ne sois pas un de nos patients régulier, on ne demande qu’à bosser moins 😉
en espérant te croiser en 2010…pour boire un coup…je te tiendrais au courant si tu veux de l’endroit ou je serais…
sportivement
Merci pour ces précisions.
Je disais que je n’étais pas un très bon client pour les podologues mais j’aurai mieux fait de fermer ma grande g… 😉
Lors du retour sur la LyonSaintéLyon, j’ai eu le droit à quelques bobos de coureurs. Une sympathique ampoule entre les orteils (sympathique car pas trop douloureuse) et une douleur que je n’ai pas su identifier clairement au niveau de chaque avant pied … douleurs du aux chocs répétés, échauffement ou début d’ampoule sous la peau ? Ca ressemblait beaucoup à la douleur des ampoules … C’est pas demain que les podologues se retrouveront sans boulot.
Ok, tu me donneras ta position, je passerais te dire bonjour avec plaisir. Enfin, j’espère … il va falloir d’abord passer le tirage au sort. 😕
Bonne année à toi. 🙂